Si hier ce n’était pas ma journée, aujourd’hui n’était pas celle de Nico, du coup je prends le relais !

Ce matin, on mange en vitesse et on emporte le reste de notre petit déjeuner au déco (semoule de blé aux légumes et piments, pois chiches sautés aux épices et matefaims indiens, un délice).

Il fait beau, il fait pas très chaud, c’est donc une bonne journée qui s’annonce, vue d’en haut !

Je me fixe mon objectif du jour : un triangle de 70 km, dessiné comme il me plaît. Des triangles, il est possible d’en faire des tas de différents ici : des triangles à plat, des triangles FAI (plus ou moins équilatéraux), des triangles en direction de Dharamsala (au Nord-Ouest), de Mandi (au Sud-Est), ou des grandes montagnes de derrière (les plafonds montent beaucoup plus haut), et toutes les combinaisons sont possibles.

Tout semble pourtant bien stable pour commencer. A la sortie du déco, je me fonds dans l’une des grappes de pilotes qui collent aux premiers reliefs. Il n’y a pas un parapente qui danse au son de la même musique et j’essaie tant bien que mal de me sortir de ce joyeux chaos. C’est peine perdue ! Impossible de m’extraire, et à chaque fois que je trouve un petit thermique loin de la cohue, une nuée de voiles me fonce dessus. Il est temps d’avancer, et tant pis si ce n’est ni sur la crête, ni dans les hautes montagnes de derrière.

Aujourd’hui, c’est pourtant la première fois que les plafonds montent pendant la journée, je n’ose pas y croire. Je sautille rapidement de crête en crête, de nuage en nuage, à plus de 3000 mètres devant les contreforts de la chaîne de l’Himalaya. Au-dessus de Palampur, retour ! J’additionne mentalement les petits kilomètres qui s’affichent sur mes instruments de vol, et avance jusqu’à celui qui me permettra de remplir mon objectif. Je finis le vol debout sur mon accélérateur jusqu’à l’attero ; le vent est fort aujourd’hui, et j’ai peur que les orages de montagne ne débordent sur la plaine.

Sur le chemin du retour, je m’arrête pour un smoothie et un petit snack : humus aux épices et toast à l’ail, un régal ! D’ailleurs, partout où l’on s’arrête, la nourriture est à tomber par terre. Oubliez le parapente : le vrai attrait de Bir, c’est la cuisine locale !

Juste avant de rentrer, je croise une dame qui porte sur son dos une énorme botte de foin. Elle m’interpelle en hindi, puis tapote son gros chargement et pointe mon sac du doigt. Alors on rigole toutes les deux de nos encombrants fardeaux. Elle porte le sien pour travailler, moi le mien pour m’amuser, mais son sourire à la fin de la journée était aussi grand que le mien.