Après avoir intégré la ligue en début d’année, j’ai participé à plusieurs entrainements et ai découvert de nouvelles régions de vol : Crans-Montana, Engelberg et Gurnigel. Cela m’a permis de me familiariser avec le monde de la compétition et d’apprendre à optimiser les lignes de vol.
Grâce aux encouragements de Fabrice Thiébaud, le pilote qui motive et gère le cadre romand avec Emanuelle Zufferey (championne suisse 2020, bravo à elle !), je m’inscris aux Swiss Open à Fiesch. Ce seront 4 jours de compétition avec les meilleurs pilotes suisses.
Le soleil est présent chaque jour mais les conditions sont stables les deux premiers jours. Les 3 derniers jours, la météo est parfaite. Le ciel est parsemé de cumulus ayant des bases à plus de 4000 ! De la bombe !
En résumé, les cinq manches prévues :
La première manche avec des balises entre le Gom’s, Riederalp et le Breithorn se voit annulée à cause d’un accident avant le start. La stabilité ne permet pas de nous extraire. Je suis au milieu d’une grosse grappe et nous enroulons du 0.5m/s juste devant le décollage. La concentration est maximale, ma tête pivote dans tous les sens afin de me faire une place dans ce manège infernal. Quel stress ! D’un coup, j’entends un parapentiste crier « Task cancelled ! ». Malheureusement, un pilote s’est crashé dans un arbre et en ressort avec de multiples fractures à la jambe et aux vertèbres… Que s’est-il passé ? Je ne sais pas. L’accident est sûrement dû à l’agglutinement de pilotes tournant au même endroit sans pouvoir gagner de l’altitude. Selon moi, les conditions étaient dangereuses pour envoyer 120 pilotes en l’air à se battre pour quelques bulles thermiques devant le décollage.
La première manche est donc jeudi. Martin Scheel nous prévoit une manche de 70km entre Riederalp, le Goms et le Breithorn. Il faut être patient et bien travailler les thermiques. Je ne réussis à voler qu’un tiers de la manche, car j’ai l’espoir de rattraper le groupe devant moi en filant tout droit à travers un thermique. Grosse erreur… Je plouffe dans le Gom’s.
Je n’arrive pas non plus à boucler la deuxième manche ayant pris trop de retard sur la grappe. Décidément, je dois mieux suivre le groupe et arrêter d’enrouler si cela n’est pas nécessaire. Je pose frustrée après plus de 6h de vol et me demande si je vais continuer le championnat. L’envie d’avaler des kilomètres et de voler librement est si forte… Mais la frustration disparait le soir en buvant des bières et en rigolant avec les copains.
Troisième manche. J’y crois dur comme fer ! C’est un magnifique triangle de 100km entre le glacier d’Aletsch, le Bietschhorn et Zinal. Les plafonds sont à plus de 4000 aujourd’hui et le vent ne devrait pas se faire sentir sur le tracé choisi. Le début de vol est magique. La traversée du glacier, ainsi que la partie de vol dans les hauts reliefs et les crêtes escarpées fait rêver. Les conditions deviennent par contre difficiles dans le val de Tourtemagne. Je suis surprise par du vent d’Ouest d’environ 15km/h. Et dire qu’il va falloir traverser un col à 3100 pour aller à Zinal… Je passe plus d’une heure pour essayer de passer ce col. La première fois, je suis bien trop basse et me retrouve dans la dégueulante sous le vent. Je reviens en arrière et refais le plein. Je monte à 4100 et tente une seconde fois. J’accélère à 70% face au vent, mon vario m’indique des valeurs de vitesse entre 10 et 20km/h. Je suis à 300m du col et mon cœur bat à fond. J’ai si peur. Depuis le début de ma petite vie de pilote, ma plus grande crainte est d’être sous le vent et de me retrouver avec un chiffon sur la tête. Et me voilà proche du relief, sous le vent et accélérée. Bordel, qu’est-ce que je fais là ?! Une autre pilote est 50 mètres plus haute et passe le col, mais moi, je décide de faire demi-tour. C’est trop pour moi. Me voilà en colère et tellement dégoûtée. Je crie au milieu et ai envie de pleurer. Je n’ai même plus envie de voler. Je pose au fin fond du val de Tourtemagne et m’en fiche complètement de la route que j’aurais à faire pour retourner à Fiesch. Il faut que je me réconcilie avec moi-même et ma voile. 2h30 plus tard, je suis de retour chez les copains, une bière à la main. Le partage d’expériences, les rigolades, le délicieux repas thaï que François nous a cuisiné font passer les émotions négatives de la journée. Demain, j’y arriverai !
De sublimes conditions de vol accompagnent la dernière manche du championnat. Aargrat (vers le Grimsel), Bietschhorn et Rosswald au programme. Cette manche, il faut absolument que je la boucle ! Les paysages sont à couper le souffle et j’accompagne docilement mon aile au-dessus des crêtes escarpées et des montagnes majestueuses. Je termine la manche dans le temps imparti et pose à Fiesch avec un sourire jusqu’aux oreilles. Gilles posera quelques heures plus tard et boucle un triangle FAI de 200km, un grand BRAVO à lui ! D’ailleurs une grande partie d’Alpsfreeride envoie du lourd ! En FAI, Seb fait 240km et Rico 190km. En triangle plat, Martin totalise 230km depuis l’Arbaron, Nico 190km depuis le Niesen accompagné de Daniel qui en fait 145. Et Dominic, qui a également participé au championnat, termine dans le top 10 au classement final. Quelle équipe de champions !
Durant cette petite semaine de compétition, l’ambiance était tout simplement merveilleuse. Entre pilotes, on s’entraide, on rigole, on se donne des conseils, on partage, on découvre, on apprend beaucoup, on rêve.
J’y retournerai l’année prochaine !
super texte merci pour ce témoignage ! tu déchires
Magnifique texte et photos, bravo Serena 😉
Merci Vincent 🙂
Quelle expérience mémorable! Et surtout, quels paysages magnifiques! Félicitations 😀
Serena! I didn’t get around to reading this until now. Thanks!
And great respect to all of you who fly comps!