<== Chapitre III Des conditions stables avec peu de vent s’installent à Caico Après une journée passée sur les routes et pistes du Sertao, nous sommes de retour à notre hôtel de Caico. Nous profitons de la piscine, nouvellement construite, pour improviser un apéro afin de célébrer les records du monde de Yael. En revanche, nous avons tous dans un coin de notre tête une pensée concernant la concurrence qui est arrivée ces derniers jours dans la région. Seiko Fukuoka-Naville et Charles Cazaux se sont installés pour 2 semaines à Assu. Et pour reprendre une expression chère à Yael : « ils ne sont pas venus au Brésil pour acheter du terrain » !!! De plus, un team de pilotes anglais est aussi installé avec eux et tous sont bien déterminés à battre des records du monde.  Et bien entendu, les brésiliens, détendeurs du record, sont dans leur fief de Tacima et ne se priveront pas d’améliorer leur propre record voire de passer la barre mythique des 600km si un créneau s’offre à eux. Marcella est de la partie, bien décidée à reprendre son record perdu quelques jours plus tôt. Nous festoyons donc tout en modération en sachant qu’il faudra très probablement remettre l’ouvrage sur le métier dans les jours à venir. Nous reprenons notre rythme brésilien dès le lendemain en se levant à 4h30 pour être en l’air à 7 heures du matin au plus tard. En revanche, les conditions sont plus stables et moins ventées qu’à l’habitude. Après 3 heures de vol et 120 kilomètres passés dans un ciel dépourvu de tout cumulus, nous décidons de poser à proximité d’un petit village. Ce jour-là, la chaleur au sol est étouffante et cherchons quelques centimètres carrés d’ombre pour plier nos ailes. Les habitants comprennent vite qu’un peu de fraîcheur nous ferait le plus grand bien et par conséquent, nous ouvre leur église afin que nous puissions ranger notre matériel au frais ! Nos ailes sont donc bénites et prêtes à battre de nouveaux records !!!!
  Yael & Clément évoluant dans un ciel qui restera d’un bleu limpide ce jour-là Encore un petit tour on se “jette” dans le grand bleu
Une première: pliage de nos ailes dans une église!!! Yael prend la pose en attendant la récupe
Pour la journée suivante (7 octobre), les modèles montrent plus d’instabilité et de vent pour le matin. En revanche, toutes les prévisions montrent que le vent tombera complètement à partir de midi. Néanmoins, nous décidons de tenter notre chance. Après quelques kilomètres seulement, le scénario que nous redoutions le plus se produit. En effet, Yael pose sous nos pieds alors que Clément et moi-même trouvons un beau thermique qui nous ramène à la base du nuage. S’ensuit alors un dilemme cornélien entre aller poser avec Yael ou continuer sans elle. Après un succinct échange à la radio avec elle, nous décidons… de ne pas prendre de décision pour le moment ! C’est-à-dire que nous allons continuer à voler et évaluerons la situation autour des 200 kilomètres, ce qui nous permettrait de revenir le soir même si nous décidons de poser. Nous arrivons à cette marque plus vite que prévu… En effet, non seulement le vent est bien présent mais nous poussons aussi fort sur nos machines, ce qui me vaudra un bon gros vrac. La décision est difficile à prendre car notre moyenne est proche des 50km/h, ce qui nous laisse envisager de passer pour la première fois la barre des 500km mais cela voudrait dire que l’on réaliserait cette performance sans Yael. Après un long silence à la radio, je discute avec Clément de ce que penserait nos femmes de la décision que nous allons prendre…comme quoi, leur avis compte bien plus que c’est qu’elles pensent même lorsque nous sommes perchés haut dans le ciel 😉 Pendant cette discussion hautement philosophique, la vitesse du vent a largement diminué et s’oriente au Nord-Est, exactement comme prévu dans les modèles météo consultés le matin même et cela nous aide à faire un choix. Aller poser sous un ciel somptueux tout en sachant qu’il est possible de passer les 400 kilomètres est toujours difficile ; il l’est encore plus quand on essaie de poser une aile de compétition au beau milieu d’une zone de déclenchement thermique ! A se demander comment nous arrivons à faire des tas les autres jours. Cela dit, et en repensant à cette décision avec du recul, je n’ai aucun regret d’avoir fait le choix d’aller poser. En effet, nous sommes venus au Brésil en team et nous savons éperdument que notre rendement est bien meilleur lorsque nous volons ensemble. De plus, si nous avions continué notre vol, il y avait un risque de rester « désynchroniser » avec Yael les jours suivants étant donné que nous serions rentrés que le jour d’après.
Seiko à la fête Et le 9 octobre arriva…ce jour-là, nous avons volé 37 minutes pour poser au milieu du bush à moins de 30 kilomètres de Caico. Cela veut dire que nous allions passer la journée à l’hôtel à regarder les autres voler. Notre attention se porte rapidement sur le livetracking de Seiko et Charles. Après avoir rafraichi frénétiquement notre écran un bon millier de fois, afin d’avoir leur dernière position, nous devrons nous résigner et admettre que le record de Yael a tenu…que  5 jours ! En effet, ils ont posé à 465km d’Assu et Seiko devient ainsi la nouvelle détentrice du plus long vol jamais réalisé par une femme en parapente. Nous pensions être préparés à vivre cela, mais cela a été quand même un gros coup de massue. Michael Küffer fait fort! Heureusement, Michi a choisi aussi ce jour précis pour faire du… « Michael Küffer » et nous remonter le moral! Laissez-moi m’expliquer : Michael a eu un début de séjour brésilien assez compliqué et n’arrivait pas à exprimer tout son talent dans les conditions particulières du Sertao. En revanche, nous étions tous convaincus qu’il allait nous sortir au minimum un énorme vol avant de rentrer en Suisse. Et c’est exactement ce qu’il a fait ce 9 octobre pour faire un vol de 535km tout en s’emparant du record du monde à but déclaré en passant dans un cylindre de 400m de rayon positionné à 505km de notre point de décollage !!!! A noter aussi que Peter Kleimann réalise ce jour-là un vol de 483km, continuant à enchainer des vols de plus de 400km tout en se rapprochant de la marque des 500km. Le double coup de massue signé par les brésiliens Alors que des conditions stables s’installent le 10 octobre sur Caico, Marcelo Prieto, Rafael Barros  et Rafael Saladini bénéficient de conditions idéales à Tacima situé à environ 100 kilomètres plus à l’Est. Ils en profitent pour établir un nouveau record en posant ensemble à 588 km de leur décollage. L’ambiance n’est plus vraiment à la fête dans notre camp de base et je m’occupe l’esprit en refaisant complètement le site web que vous êtes en train de lire !!! Quitte à faire des tas autant en profiter pour refaire notre site Alpsfreeride, chose que je voulais faire depuis un bon moment mais je n’avais jamais trouvé le temps pour cela, c’est maintenant fait!!!!
On the road again pendant que d’autres font de gros vols….dur pour le moral…. …surtout quand on a de tels ciels en dessus de nos têtes!
La fameuse “Churrascaria” de Patu qui deviendra ma cantine pour plusieurs /trop de jours de suite. Les Boom Boys sonnent le réveil des suisses
Le jour suivant (11 octobre) ressemble aux précédents. Alors que les bonnes conditions sont de retour, nous ratons le bon wagon et poseront une fois encore dans la région de Patu. Clément  me charrie en me demandant si j’ai une maîtresse dans cette ville car c’est la troisième fois de la semaine que je prends mon lunch là-bas. Ce serait mentir si je disais que quelques doutes ne se sont pas installés dans mon esprit à ce moment car mon moral était bien affecté à force de passer des heures au sol alors que d’autres réalisent des vols incroyables. Heureusement que je peux compter sur ma famille et une bande d’amis toujours prêts à me galvaniser. Merci à eux car quelques coups de fils plus tard, je suis de nouveau remonté comme un coucou suisse et suis déterminé à tout donner sur notre dernière journée de vol. Michael Küffer, Patrick Von Känel et Peter Kleimann sonnent le réveil du team Michael est à peine rentré de son vol de 500km qu’il remet cela le 11 octobre pour réaliser un vol de 556km en compagnie de Patrick et Peter ; c’est le premier vol de plus de 500km pour ce dernier. A cette occasion, Michael réalise le vol le plus long jamais réalisé par un pilote suisse. Il finit donc son séjour en apothéose vu qu’il a son avion de retour prévu le lendemain déjà. Michael Sigel a volé une bonne partie de la journée avec eux mais rate un cycle et pose à 400km. Ceci est normalement rédhibitoire pour revoler le jour suivant mais au vue des conditions annoncées pour le lendemain, Andy lui organise une récupe aux petits oignons afin qu’il soit de retour à Caico pour minuit et par conséquent, prêt à revoler après une petite nuit de 4 heures de sommeil seulement…..

Le récit de ce fameux  « D-Day » est le menu du chapitre V==>